Niveau sonore et musique amplifiée : que dit la loi ?

Niveau sonore et musique amplifiée : que dit la loi ?

On ne compte plus les musiciens seniors et même les plus jeunes, ainsi que les techniciens du spectacle qui sont affectés d’un déficit auditif important, souvent consécutif à des expositions à de niveau sonore très importants sur de longues durées. Devenues enjeu de santé publique suite également aux constatations alarmantes des pertes d’audition des jeunes utilisateurs de baladeurs et clients de discothèques ainsi qu’à la prise de conscience des effets nuisibles du bruit dans l’environnement urbain, la protection du système auditif et la prévention aux risques sonores ne peuvent plus être aujourd’hui ignorées.

Le décret du 15 décembre 1998, principalement conçu à l’attention des discothèques, a permis d’y réduire considérablement des niveaux sonores parfois hallucinants. De même en salle de spectacle, l’installation de limiteurs a réduit des pressions acoustiques souvent exagérées, même si de nombreuses salles restent à ce jour non équipées. Enfin, un des aspects non négligeables du décret concernait l’isolation phonique avec l’environnement proche, souci particulièrement connu des voisins de lieux de l’émission sonore en milieu urbain (…et des musiciens MAO).

Ça se passe comment chez nos voisins ?

On constate une grande disparité dans les normes qui définissent les seuils de niveau à ne pas dépasser dans les lieux de diffusion. En Suisse, l’ordonnance du 1/04/96 fixe le volume sonore moyen à ne pas dépasser les 93 dB(A) et en Belgique, selon l’arrêté du 24/02/77, la norme acoustique de la musique est à 90 dB(A) dans les établissements publics et privés. Au Royaume- Uni, les « sound advice » émis par le Ministère de la Santé s’inscrivent dans la réglementation sur le contrôle du bruit au travail de 2005 : pas de prescriptions réglementaires, mais un encouragement à rester… raisonnable !… En Allemagne, les recommandations concernant les risques au-delà de 85 dB(A) sont mentionnées pour tous les styles de musique (on ne parle pas, comme chez nous, uniquement de musique amplifiée), mais pas de réglementation contraignante non plus.

Ces différences d’approche mettent le doigt sur la nécessité qu’il y aurait à harmoniser les réglementations sonores entre les différents pays européens, au moins sur des valeurs voisines, pour la protection des spectateurs, artistes et du voisinage.

 

Volume sonore : que dit la loi en France ?

Le texte du 8 août 2017 reprend dans les grandes lignes les attendus du décret de 1998 concernant les niveaux sonores, abaissés et les moyens pour les réguler, ainsi que les dispositifs d’atténuation pour le voisinage.

Le décret du 8 août 2017 apporte des enrichissements significatifs à la démarche de prévention des risques sonores. Dans un premier temps, le fait d’appliquer les dispositions de régulation des niveaux sonores à toutes les manifestations accueillant plus de 300 personnes, qu’elles se déroulent en salle ou en extérieur, et de réduire le niveau de 105 à 102 dB(A) moyenne sur 15 minutes est déjà de la plus grande importance.

En effet, compte tenu de la caractéristique logarithmique du décibel, un gain (et donc, à l’inverse, une réduction) de 3 dB correspond à un doublement (ou une division par deux) de la puissance nécessaire pour produire le signal. Au niveau de notre écoute, c’est… largement suffisant. Au niveau de la sauvegarde de notre système auditif, cette réduction n’est cependant pas toujours significative

 

Qu’est-ce que ça doit changer dans nos habitudes ?

La dégradation de notre système auditif est insidieuse avec l’âge déjà, mais aussi avec les contraintes importantes que les niveaux sonores musicaux mal contrôlés peuvent lui infliger.

Les créateurs de musique MAO peuvent travailler au casque par nécessité ou par choix…Attention, les risques d’abîmer son audition ne sont pas une légende urbaine ! Sans oublier aussi que le mixage au casque n’est pas un excellent choix… mais c’est un autre sujet qui fera d’ailleurs l’objet du prochain article.

On estime que 12 à 13 % de la population française, un pourcentage bien supérieur à celui des musiciens, connaissent des troubles auditifs. Jouer moins fort sur scène ou en home studio, s’accorder des moments de pause réguliers, de même qu’au cours d’un mixage ou une séance d’enregistrement en studio un peu longue, mais aussi… écouter moins fort ses musiques préférées, choisir les artistes que l’on va écouter au concert en fonction de la puissance raisonnable de leur sono…

Voilà des comportements que la logique devrait pouvoir nous permettre d’avoir au quotidien et indépendamment des lois finalement !

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.