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Mes débuts en musique à l’image se racontent comme ça : Comment j’ai commencé par un échec brutal et suis parvenu à un succès deux ans plus tard en passant par un parcours de rodéo.
Après le bac, mon père a une fausse bonne idée. Comme guitariste de Led Zeppelin ce n’est pas vraiment un métier, faisons ingénieur du son, comme ça, c’est un vrai métier et on est un peu dans la musique. Et la vision de mon père, ingénieur de grande école, c’est qu’un ingénieur du son, c’est quelqu’un qui va faire un BTS d’électronique. On peut dire deux ans de perdu, mais comme dit Steve Jobs : le parcours est une ligne en pointillés dont on ne voit le tracé que lorsqu’on se retourne en arrière. Grâce à ce BTS, j’obtiens une place d’assistant dans un studio, je rencontre Indochine, etc. Bref, le destin. Imprévisible.
Puis, catastrophe, je reçois ma convocation pour un an de service militaire. Les générations qui me suivent ne mesurent pas leur chance d’y échapper. Cependant, mon père a cette fois une vraie bonne idée, il me guide et je me fais affecter au cinéma des armées.
C’est là que j’apprends à faire ma promo. Je vais vers tout le monde, je rencontre tous les étudiants de cinéma qui sont militaires involontaires comme moi et je me crée un réseau d’enfer. C’est comme ça qu’un copain me présente à mon premier réalisateur qui me donne une musique à faire sur un film des armées.
Je fais une musique intense avec des chœurs d’homme, un vrai désastre, je me fais jeter complètement. « C’est une musique pour des chars d’assaut alors qu’on voit des jeunes en train de courir », je me souviens encore de cette phrase douloureuse du réalisateur.
Mais je ne lâche pas, je continue et peu à peu, je commence à comprendre ce qui marche et ce qu’on attend de moi. J’en fais plein, sur tous les sujets. Je me souviens d’un film sur les sous-marins où j’ai repris le principe des chromatismes du vaisseau fantôme de Wagner, très sympa. Je rencontre aussi les futurs réalisateurs d’Ushuaïa, des producteurs de films d’entreprise, des réalisateurs de courts métrages qui deviendront des longs, une décennie plus tard.
Et puis, après avoir quitté l’armé, je reste en contact et le service de l’animation me propose un dessin animé, dans le style de Tex Avery, avec Bruno Gaumetou, qui deviendra Disney puis Néomis. Je n’ai peur de rien, je prends le budget et je décide de tout faire à l’orchestre. J’écoute des musiques de dessins animés plusieurs heures par jour pendant des semaines, jusqu’à ce qu’elles jaillissent en moi partout, dans la rue, au travail, dans mon sommeil. etc.
Comment enregistrer un orchestre quand on a pas le budget. C’est tout simple, je fais venir trois violons dans ma chambre que j’enregistre au clic quatre fois, puis les bois, basson, clarinette, hautbois, flûte, toujours quatre fois, une trompette, un trombone, quatre fois, un corniste, quatre fois, etc. Quand je fais la contrebasse et le violoncelle, je me rappelle de cette phrase mythique : « Je joue en poussant (l’archet) parce que si je tire, je butte dans le lit ! »
Les musiciens que j’ai choisis sont excellents et le résultat est super sympa. Ça m’aidera plus tard quand je ferai une carrière dans l’animation.
Après l’armée, je fais une classe de musique de film à l’école supérieure de musique de Paris. Avec un prof horrible, atroce. Je ne veux pas dire de mal des gens sur internet alors je ne raconterai pas cette étape. Elle m’a servi a bien mémoriser ce qu’il ne faut pas faire quand on est prof et aussi qu’enseigner est une responsabilité car on peut abîmer les gens. L’année du diplôme, j’ai été sauvé par Vladimir Cosma, président du jury, qui a dit à mon prof/ennemi : « S’il n’est pas diplômé, je m’en vais ! ».
Ma carrière était lancée sur une première étape. Ensuite, je rencontrerai quelqu’un qui me fera travailler pour EMI en tant que réalisateur d’album, puis une traversée du désert qui durera deux ans. Je rebondis en 1992 en créant Studio Capitale. Une autre histoire commence avec beaucoup de séries, des films de cinéma, plein de rencontres et aussi la découverte de l’entrepreneuriat, les insomnies, l’anxiété, la lourdeur administrative mais avec une équipe, le sentiment de ne plus être seul. Des ingénieurs du son bien sûr, mais aussi d’autres musiciens qui interviendront pour tenir des cadences de livraison folles.
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