Le compresseur est l’outil de traitement du son le plus important dans la musique d’aujourd’hui.
A l’exception de la musique classique, les taux de compression n’ont jamais été aussi élevés que depuis deux décennies.
Le compresseur est un outil complexe, car il peut produire un résultat et son contraire, simplement en changeant son réglage.
Il est utilisé pour:
- diminuer les écarts de dynamique d’un instrument (rendre les attaques égales par exemple)
- donner plus de sustain à un instrument (typiquement, allonger la tenue des notes des guitares électriques)
- donner plus de ‘punch’, plus d’attaque à un instrument (utilisation sur la batterie et les percussions, etc.)
- Rendre un mixage plus ‘compact’ (voir la page sur le compresseur multibande et le maximizer)
- Rendre un chanteur plus ‘présent’ et améliorer la compréhension des paroles
Les effets indésirables sont:
- augmenter le souffle et les bruits parasites
- diminuer les nuances (incompatible avec la musique classique)
- modifier et perdre des fréquences (encore plus avec des plug-ins bas de gamme)
- n’agit pas de la même façon sur les signaux fort ou faible
- modifie l’interprétation des chanteurs
Les réglages
Lorsque le compresseur est inactif, le niveau de sortie est proportionnel au niveau d’entrée.
On voit sur cette image que quand l’entrée varie de 0 à 6, la sortie varie de 0 à 6.
Maintenant, je décide qu’à partir d’un certain seuil, le signal de sortie variera moins vite que le signal d’entrée.
On voit ici que lorsque le signal d’entrée varie entre 3 et 6, le signal de sortie ne varie qu’entre 3 et 4.
On dit que le signal est ‘compressé’.
Le seuil
Le seuil est à 3. Cela signifie qu’en dessous de 3, il n’y a pas de compression. Quand l’entrée varie de 0 à 3, la sortie varie de 0 à 3. C’est proportionnel.
Le taux
Le taux de compression, c’est l’aplatissement de la courbe, c’est à dire, que plus le taux est élevé, moins la sortie varie.
Avec un taux infini, la sortie ne varie plus du tout, quel que soit le niveau d’entrée. Ce réglage particulier s’appelle un limiteur. Au delà du seuil, on ne monte plus.
Compensation de gain
Vous avez vu sur cet exemple, que le compresseur diminue le niveau de sortie.
Pour un niveau d’entrée de 6, sans compresseur la sortie est à 6, alors qu’avec compresseur la sortie n’est qu’à 4.
On utilise une compensation de volume (make up gain), pour rattraper le niveau perdu et bien moduler jusqu’à 6.
Temps d’attaque
Le compresseur diminue les signaux forts (au dessus du seuil), par conséquent, il diminue l’attaque des instruments percussifs.
Si on veut compresser en gardant l’attaque, il faut régler le temps d’attaque pour qu’il n’agisse qu’après le passage de celle-ci.
C’est typiquement le cas d’un réglage qui produit l’inverse, car l’attaque se trouve ‘expansée’
Voici un exemple.
Voici une note de piano sans compresseur:
Si on applique un compresseur sans attaque, alors celle-ci est ‘gommée’, le son devient mou.
Le niveau moyen du signal est fort. C’est l’utilisation du compresseur pour réduire la dynamique. (écart entre fort et faible. En général pour être fort tout le temps.)
Si on augmente le temps d’attaque du compresseur est supérieure à celle du piano, on obtient une attaque forte et un corps faible. Comme si l’attaque était ‘expansée’.
En musique, comme pour le mixage, le réglage du compresseur est une démarche artistique.
C’est l’art du compromis et de l’équilibre.
Il n’y a pas de calcul ou de vu-mètre qui donne la bonne valeur.
Temps de relâchement
Le relâchement, release en anglais, est le temps que prend le compresseur à revenir au neutre.
Tant qu’il n’est pas au neutre, il n’est pas prêt à fonctionner correctement pour le son ou la note suivante.
Il est donc conseillé de le mettre au minimum.
Dans quel cas doit-on l’augmenter ?
Il faut l’augmenter sur les notes longues, quand l’action du compresseur provoque des oscillations, des tremblements.
En augmentant le temps de relâchement, on donne de l’inertie et les oscillations cessent.
Typiquement sur des chœurs, de l’orgue, ou des cordes lentes, dès que des vibrations apparaissent.
Compression parallèle
La compression parallèle est obtenue par le mélange du signal, à l’état brut ou légèrement compressé, avec une version très compressée du même signal, connue sous le nom de « Parallel compression ».
Historiquement, cette technique a été utilisée par certains ingénieurs du son en concert et en enregistrement comme un effet artistique dénommé « compression New-yorkaise » ou « compression Motown ».
Combiner le signal d’origine avec sa variante compressée puis réduire le gain du mélange par une deuxième compression a pour conséquence d’augmenter les détails des bas niveaux sans pour autant, réduire les crêtes (puisque le compresseur va renforcer significativement le gain uniquement aux niveaux faibles).
Compression en série
La compression en série est une technique utilisée à l’enregistrement sonore et au mixage.
La compression en série est réalisée en utilisant deux ou plusieurs différents compresseurs l’un derrière l’autre, simultanément ou aux diverses étapes de la chaîne sonore (enregistrement, mixage, mastering, diffusions).
Le premier compresseur généralement stabilise la dynamique sonore avec un rapport de compression faible du genre 1,8:1, tandis que le second sera plus agressif avec un ratio de 4:1 par exemple.
Peak vs (versus) RMS
La détection d’un pic de niveau du signal peut produire des changements très rapides dans la réduction du gain, une compression trop audible (une sensation d’écrasement) ou parfois même de la distorsion.
Certains compresseurs appliquent une fonction de détection du signal dite moyenne valeur efficace (dite aussi valeur RMS, de l’anglais Root Mean Square, ou moyenne quadratique).
Cela permet une compression moins sensible et plus étroitement liée à notre perception de l’intensité sonore.
Complément scientifique
Influence de la compression dynamique sur la qualité
La croyance que la compression réduit la qualité du son est assez répandue, et pourtant l’usage de la compression dans le processus de fabrication des enregistrements commerciaux ou de télévision est universel.
En 2014, le Journal of the Audio Engineering Society a publié deux études visant à examiner cette opinion.
Dans la première, les auteurs ont demandé à un groupe de personne leurs appréciations sur un ensemble d’enregistrements de musique populaire, en version originale et en version avec de plus forts niveaux de compression.
Les résultats n’ont mis en évidence aucune dégradation selon les critères de préférence.
Il semble que les auditeurs soient moins sensibles que ce que l’on croyait à la compression, même à des niveaux élevés, et que la compression n’ait guère d’autre effet que d’augmenter le niveau sonore moyen.
Ce résultat pourrait venir du mixage de la musique populaire, qui inclut d’autres traitements du signal.
Dans un second article du même numéro, les auteurs s’intéressent à la macro-dynamique, c’est-à-dire à l’évolution du niveau sonore délibérée, pour laquelle les compresseurs n’agissent pas.
Analysant les productions récentes, ils constatent que malgré l’impact de la compression sur la dynamique instantanée, donnant un niveau moyen plus élevé, on trouve toujours des fortissimo et des pianissimo dans la musique récente.
La fatigue auditive, que l’on constate et que l’on attribue souvent aux caractéristiques de la musique enregistrée moderne, pourrait plutôt venir de la modification de la micro-dynamique, assez mal définie, et liée aux compresseurs.
L’influence de la compression est étudiée sur la base de cinq descripteurs du signal: le niveau quadratique moyen ou RMS, la sonie dite integrated loudness suivant la recommandation EBU3341/R1287, le facteur de crête, le Loudness Range ou LRA suivant la recommandation EBU33428, et la densité d’échantillons à 0dB Full-Scale, c’est-à-dire le nombre d’échantillons possiblement clippés ou saturés.
La puissance RMS rend compte du niveau physique, et la sonie EBU3341 du niveau perceptif.
Le facteur de crête, c’est-à-dire la différence entre le niveau crête et le niveau quadratique moyen a parfois été utilisé comme base de mesure de la micro-dynamique du signal, comme par exemple dans le plug-in de mesure TT Dynamic Range Meter9,10.
Enfin, le EBU3342 loudness range, littéralement « gamme de sonie », est régulièrement utilisé en tant que mesure de la macro-dynamique ou de la dynamique au sens musical.
Bonjour Stéphane,
J’étais à la recherche d’une précision concernant les modes PEAK/RMS quand je suis tombée sur votre article que je trouve d’ailleurs très bien… articulé :-), donc merci déjà de l’avoir publié.
J’ai compris jusque là qu’un compresseur (soft) avec RMS activé prenait en charge automatiquement la définition des temps de release et d’attaque (et donc dispense de les régler) ; et qu’au contraire, en PEAK, le réglage manuel de ces 2 paramètres s’impose.
Pour résumer :
PEAK : on règle manuellement attaque et release (pour les guitares, instruments électriques, batterie) et
RMS : ce réglage est traité automatiquement par le compresseur (pour la voix notamment)
J’ai eu un doute, d’où ma recherche aujourd’hui. Est-ce bien cela ?
Bonne journée,
Sophie
Bonjour Sophie.
C’est la question la plus pointue et intéressante qu’on m’ait posée sur ce site. Bravo.
Non, le comportement Peak et RMS est proche.
Car la puissance moyenne RMS se calcule dans un temps extrêmement court.
C’est une moyenne à l’échelle de la micro seconde, cela ne vous dispense pas des mêmes réglages.
Alors pourquoi les deux existent ?
Parce que les niveaux sont différents
Parce que certains détails sont gérés différemment. Un clic fort et de temps presque nul aura une réponse PEAK mais pas RMS, parce qu’il n’a pas de puissance moyenne.
Donc oui, il y a une nuance de réponse, légèrement plus vive avec PEAK mais seulement à l’échelle d’une oscillation.
Concrètement. On fait les réglages dans les deux cas, le paramètre de choix PEAK RMS est à tester en fonction de la nature de l’élément audio.
Oui, RMS est un peu plus lent que PEAK, mais à l’échelle microscopique uniquement.
Merci pour ces précisions. Je retiendrai que régler attack et release est nécessaire dans les deux cas. Bonne journée, Sophie
je suis content pour votre aide mais j’aimerais savoir comment puis-je faire pour vous poser quelques questions
Tu fais exactement comme ça, Sam.
Tu écris tes questions dans les commentaires et je te réponds.
A bientôt
Stef